Œuvre maîtresse de la carrière de Shakespeare, Hamlet nous donne à voir les peurs et les angoisses du personnage éponyme face à la vengeance qu’il doit à son père, revenu sous forme de spectre. Le Roi légitime, père d’Hamlet, a été empoisonné par son propre frère. Et la pièce se révèle intéressante en ce qu’elle est une tragédie de l‘apparence et du mensonge. Hamlet est d’ailleurs, d’une certaine façon, celui qui derrière le masque de la folie veut révéler la Vérité du mal et de l’usurpation du pouvoir légitime. Hamlet et son oncle ne cessent d’entrer en conflit, jusqu’à ce que l’usurpateur décide d’envoyer Hamlet en Angleterre pour qu’il y soit assassiné par ses hommes. Toute la pièce, jusqu’à la révélation finale, flotte ainsi dans un brouillard où aucun contour ne semble vraiment net. La mère d’Hamlet, épouse du nouveau Roi, ne sait pas, semble-t-il, que son ancien mari a été tué par son frère. L’incertitude est palpable et accentue la tragédie.
Pièce intéressante d’un point de vue théâtral, Hamlet fait appel à une mise en abyme. Une pièce, « La Souricière », est jouée dans la pièce. Cette souricière veut pousser le Roi fratricide et incestueux dans ses derniers retranchements. La question est bel et bien de savoir si le mal, au cœur de cet individu, peut être purgé par la représentation théâtrale. L’emportement du Roi montre que le rachat est impossible et la tragédie de Shakespeare plonge au cœur des fautes originelles de l’Humanité, lui conférant ainsi toute son universalité.
Cette pièce tend, à tout temps, un miroir à l’homme pour qu’il s’y mire dans toute sa fragilité. Cette fragilité est d’ailleurs soulignée par une extraordinaire poésie. La pièce, par l’intermédiaire du personnage d’Ophélie, par exemple, contient des aspects touchants et fragiles que renforcent les images inattendues et tout en justesse que nous offre Shakespeare. Hamlet, dans toute sa complexité, en tant qu’il est un être de réflexion plutôt que d’action rappelle aussi à quel point le personnage de théâtre est un être de langage, tellement dans la réflexion qu’il deviendrait l’égal du fou, dont le crâne lui est présenté par le fossoyeur.
Quelques citations
« Laerte : Ne vous endormez pas, mais donnez-moi de vos nouvelles.
Ophélie : En pouvez-vous douter ?
Laerte : Pour ce qui est de Hamlet et de ses frivoles attentions, regardez cela comme une fantaisie, un jeu sensuel, une violette de la jeunesse printanière, précoce, mais éphémère, suave mais sans durée, le parfum et le plaisir d’une minute, rien de plus.
Ophélie : Rien de plus que cela ?
Laerte : Non, rien de plus. »
« Hamlet : Notre époque est détraquée. Maudite fatalité, que je sois né pour la remettre en ordre ! »
« Hamlet : Être ou ne pas être. C’est la question. Est-il plus noble pour une âme de souffrir les flèches et les pierres d’une fortune affreuse ou de s’armer contre une mer bouleversée, et d’y faire face, et d’y mettre une fin ? Mourir… dormir, rien de plus,… Oh ! penser que ce sommeil termine les maux du cœur et les mille blessures qui sont le lot de la chair : c’est là un dénouement qu’on doit souhaiter avec ferveur. Mourir… dormir, dormir ! rêver peut-être ! »
Bio rapide et liens
William Shakespeare, né en 1564 et mort en 1616, est sans doute l’un des plus grands écrivains de la littérature mondiale dont les pièces font partie des chefs-d’œuvre universels.
Poète mais surtout dramaturge, que ce soit dans le domaine de la comédie ou de la tragédie, ses pièces les plus connues sont Roméo et Juliette, Macbeth et Hamlet.