Une des trente-huit mille communes de France subit depuis quelques temps une influence mystérieuse, tout devient étrange ; par exemple, ce ne sont plus les riches qui gagnent les gros lots du loto… Et pour cause ! Un spectre serait apparu non loin de la petite ville, et Mlle Isabelle, l’institutrice adulée, entretiendrait une relation avec le spectre. Pour remédier à tout cela, un Inspecteur de l’administration est dépêché sur les lieux. Maintenant, il faut traquer le fantôme…
Cette pièce au comique absurde profite largement de la patte brillante de Giraudoux. Son style léger, presque éthéré, paraît fantasque ; mais derrière des mots simples et des expressions joyeuses se cachent des vérités profondes sur l’existence : critique de l’ordre administratif sclérosant et intouchable, satire de l’orthodoxie républicaine et, surtout, nouveau regard sur la mort.
Intermezzo est, comme son nom l’indique, un intermède où la mort et l’amour ne semblent plus être en contradiction. Isabelle et le Spectre entretiennent une relation platonique, à la recherche d’une vérité sur la vie et sur son revers, la mort. La mort n’est plus une fatalité mais un univers féérique qu’il s’agit d’explorer. Cette pièce de Giraudoux n’est pas une pièce facile, l’humour est fin, l’écriture subtile et il ne faut pas hésiter à relire plusieurs fois certains passages. C’est que le dramaturge retourne complètement notre vision des choses, la mort n’est plus le simple négatif de la vie.
Cette seconde comédie de Giraudoux est bien plus riche qu’elle n’y paraît de prime abord ; son côté enfantin, magique, humoristique brille et laisse les personnages virevolter à leur guise, dans une atmosphère poétique renouvelée à chaque scène. Cette comédie, surnommée « Songe d’une nuit d’été limousine« , rappelle bien sûr la pièce de Shakespeare, mais elle nous montre aussi l’extraordinaire force dramaturgique de Jean Giraudoux. Fantastique, merveilleux ; en fait, les adjectifs qui qualifient la pièce vont tout aussi bien au dramaturge.
Une citation
« LE MAIRE, apparaissant avec Viola : Monsieur l’Inspecteur ! Monsieur l’Inspecteur ! La loterie !
L’INSPECTEUR : Qu’est-ce qu’elle a, votre loterie ?
LE MAIRE : Elle est tirée.
L’INSPECTEUR : Pourquoi cette émotion ? Le scandale continue ?
LE MAIRE : Au contraire, tout est redevenu normal, au moment où nous commencions à désespérer. Parle, Viola, je suis hors d’haleine.
L’INSPECTEUR : Normal ? Qui a gagné la motocyclette ?
VIOLA : Le cul-de-jatte de l’orphelinat.
L’INSPECTEUR : Et le gros lot en espèces ?
LE MAIRE : M. Dumas le millionnaire. »
Bio rapide et liens
Auteur français né en 1882 et mort en 1944, Giraudoux est un romancier mais surtout un dramaturge qui s’est beaucoup inspiré de l’Antiquité pour ses créations.
Giraudoux, avec son style particulièrement poétique, a renouvelé le théâtre du XXe siècle.