Cette nouvelle très courte de Madame de La Fayette concentre l’action et les émotions en peu de pages. Proche de son chef-d’œuvre La Princesse de Clèves, La Comtesse de Tende va pourtant plus loin dans les situations critiques et honteuses pour des personnages nobles. Si la Princesse de Clèves parvient à freiner sa passion malgré ses désirs, ici, La Comtesse de Tende ne réussit pas à résister face à la passion qui la lie au Chevalier de Navarre, qui vient pourtant d’épouser une amie proche de la Comtesse, La Princesse de Neufchâtel. Ce que nous dépeint ici l’auteur c’est la passion dans sa violence et sa concision après le mariage peu satisfaisant entre la Comtesse de Tende. La passion réciproque entre les amants illégitimes prend alors toute la place. Madame de La Fayette nous offre ainsi une tragédie : la mort est inévitable, tout comme la passion, qui finit par détruire ces êtres de haut rang. C’est ainsi que la Comtesse de Tende meurt après avoir accouché de l’enfant illégitime conçu avec le Chevalier. La passion l’emporte et la honte s’ensuit.
Cette passion est comparée alors à une souillure qui vient ruiner le nom de la Comtesse, pourtant disposée à être vertueuse. L’auteur nous montre donc l’égarement des hautes âmes dans un climat mystérieux où tout se fait en secret. Mais lorsque la secrète liaison est révélée au grand jour, le scandale est tel qu’il ne peut que se finir par la mort. La fausse vertu est démasquée. C’est là tout le projet de Madame de La Fayette : montrer la violence des passions et la faiblesse des hommes face à de tels emportements.
A l’aide de phrases brèves, telles des maximes, l’auteur débusque le mensonge et expose la culpabilité des personnages sous les yeux des lecteurs. La dureté du ton et le refus de tout sentimentalisme accentuent l’idée d’une logique implacable des passions dont la noirceur effraie. C’est, en peu de pages, un portrait saisissant de la passion, de ses contradictions et de ses complexités que nous peint Madame de La Fayette.
Quelques citations
« Cette lettre me va coûter la vie, mais je mérite la mort et je la désire. Je suis grosse. Celui qui est la cause de mon malheur n’est plus au monde, aussi bien que le seul homme qui savait notre commerce. Le public ne l’a jamais soupçonné. J’avais résolu de finir ma vie par mes mains, mais je l’offre à Dieu et à vous-même pour l’expiation de mon crime. Je n’ai pas voulu me déshonorer aux yeux du monde parce que ma réputation vous regarde : conservez-la pour l’amour de vous. Je vais faire paraître l’état où je suis. Cachez-en la honte et faites-moi périr quand vous voudrez et comme vous voudrez. »
« Le désir d’empêcher l’éclat de ma honte l’emporte présentement sur ma vengeance. Je verrai dans la suite ce que je donnerai à votre indigne destinée. Conduisez-vous comme si vous aviez toujours été ce que vous deviez être. »
Bio rapide et liens
Née en 1634 et morte en 1693, Madame de La Fayette est l’une des plus grandes figures féminines du XVIIe siècle, avec Madame de Sévigné.
Son chef-d’œuvre, considéré comme roman d’analyse par excellence, est la Princesse de Clèves.